L'arrivee

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Carte Michelin 1945
Secteur : Etampes - Malesherbes - Fontainebleau 
 
 
21 Août 1944 
Les troupes allemandes continuent leurs retraites vers l'Est et le Nord-Est de la France. Dans l'espoir de retarder un peu l'avance américaine, elles laissent derrière elles, des forces allant d'une simple section à un régiment entier, pour défendre les routes, carrefours, ponts ou villes traversés par les troupes Alliées.
Malesherbes, situé sur l'un des itinéraires choisis pour rejoindre Fontainebleau et surtout Montereau, était occupé par deux bataillons allemands, composés de trois compagnies d'infanterie chacun. Approximativement 100 hommes par compagnie, soit un total d'environ 600 hommes. Les deux bataillons disposaient également chacun, d'une compagnie d'artillerie, équipée d'un canon de 88 millimètres.
Les entrées à l'Ouest de la ville (routes d'Etampes, Sermaises et Pithiviers) étaient minées et exposées au feu de l'artillerie allemande et de leurs redoutables canons de 88.

             
   
Belle Sauve*(1)
Les premiers éléments du 10ème Régiment arrivèrent par Belle Sauve, sur la route de Sermaises.
En arrivant près du village, la première jeep de l'unité de reconnaissance du Lt Douglas W. Curtis, fut prévenue par un habitant que les allemands étaient déployés dans les bois, des deux cotés de la route avant le village et qu'ils étaient aussi postés en observation sur le Château d'eau, situé non loin.*(2)

Cette information fut transmise au centre de commandement et l'unité de reconnaissance continua son avancée. Ce qui devait arriver, arriva. En approchant du village, les soldats allemands ouvrirent le feu violemment sur le squad de reconnaissance. Les tirs de mortiers et de mitrailleuses clouèrent sur place les GI's, les obligeant à quitter leurs véhicules pour se mettre à couvert dans le fossé bordant la route
Pendant près d'une heure, ils furent bloqués sous le feu incessant des Allemands. Il devint assez vite évident que les Allemands voulaient les capturer vivant. Pour cela, ils commencèrent à déployer des troupes de chaque cotés de la colonne pour les encercler.
C'était sans compter sur l'hardiesse et l'audace du soldat Joseph Gherard, qui réussi à atteindre sa jeep, sous le feu de l'ennemi, à la démarrer et à faire demi-tour pour aller prévenir le reste du bataillon de la situation.
Voyant cela, un véhicule Allemand s'approcha rapidement de la première jeep du squad de reconnaissance pour leur demander de se rendre. Ces derniers refusèrent. Les Allemands ouvrirent alors le feu, blessant mortellement un soldat et capturant les deux autres.
Avant que les Allemands atteignent la seconde jeep, les renforts arrivèrent avec des chars et suivi de près par les fantassins de la compagnie I. Les Allemands s'enfuirent dans le village sous les feux nourris des soldats Américains.
Comme la compagnie I avançait des deux cotés de la route, ils furent accueillis par des tirs de mortiers et de 20mm. Les Allemands s'étaient positionnés juste en face du village. Il y avait aussi, au moins, trois canons de 88mm pour couvrir la route menant au village.
Sous les ordres du commandant de bataillon américain, les mortiers de la compagnie M furent mis en place sur la gauche de la route près d'un petit bois. Avec l'aide d'une section de chars légers de la compagnie D du 735ème Bataillon de chars sur le flanc gauche et d'une section de chars moyens de la compagnie B du 735ème sur le flanc droit, les soldats alliés entrèrent dans le village pour réduire au silence les 20mm et les canons de 88. Dès que le village fut pris, les mortiers furent déplacés pour soutenir la compagnie I, dont les sections se regroupaient sur la coté gauche de la route.
Cette manœuvre accompli, la compagnie I, commandée par le Capitaine James C. Borror, attaqua au Nord-Est, sous le feu de l'ennemi, avec comme mission de nettoyer les bois de l'autre côté de la vallée.
En même temps, la compagnie K avait déplacés ses hommes vers le Sud-Est, pour attaquer sur le coté gauche de la route principale et prendre les hauteurs en face du bataillon.
A ce moment là, une colonne de véhicules fut aperçue roulant le long d'une crête à environ 3.000 mètres, sur la droite de Belle Sauve. Au début, les alliés pensèrent qu'ils appartenaient à la 35ème Division d'Infanterie, mais après un examen plus approfondi, ils découvrirent qu'il s'agissait en fait de véhicules allemands camouflés avec des branches.
Les chars des deux sections du 735ème, tournèrent leurs canons vers eux et ouvrirent le feu avec l'aide de la section antichars du bataillon. Plusieurs coups atteignirent le convoi.

Le château d'eau, soupçonné de servir de poste d'observations, fut aussi pris pour cible par les chars médiums et armes légères.
(Impacts d'époques ?..; vraiment pas sûr du tout. Il faudrait voir l'intérieur du château d'eau pour vérifier.)


Malesherbes
Pendant ce temps, les compagnies I et K suivirent les troupes allemandes qui s'enfuaient du village vers Malesherbes. À l'approche de la ville et de la position de l'artillerie Allemande, un canon de 88 mm ouvrit le feu sur la colonne. Un obus vint frapper de plein fouet un véhicule tuant trois hommes.
Les troupes américaines traversèrent la voie ferrée, capturèrent les deux canons de 88mn et entrèrent dans la ville. La route près de Belle Sauve fut déminée et les véhicules du bataillon purent reprendre leur route vers Malesherbes.

Peu après, l'un des canons de 88mn capturé explosa. Il s'avéra que le second était lui aussi piégé, mais les américains eurent le temps de le désamorcer.
Durant la traversée de Malesherbes par la compagnie L, la population applaudissait avec ferveur l'arrivée des soldats libérateurs, apparemment inconscients du fait qu'ils étaient pratiquement eux-mêmes aussi sous le feu de l'ennemi.
Malesherbes - Les ponts de l'Essonne
A Malesherbes, le pont de l'Essonne du Moulin Mirebeau, avait été piégé par les Allemands. Les américains découvrirent par la suite que les détonateurs avaient été activés mais n'avaient pas fonctionnés. Une équipe de démolition allemande revint donc pour finir le travail, mais un habitant les informa qu'il n'était pas nécessaire de faire sauter le pont étant donné qu'il n'y avait pas encore d'Américains dans les parages.
L'hésitation des Allemands fut suffisante pour permettre aux alliés de les neutraliser. Ils furent abattus avant d'avoir pu réactiver les détonateurs. Les américains purent ensuite déminé le pont, qui avait été piégé avec des mines antichars placées sous l'arche.
Une fois le pont sécurisé, la compagnie L le traversa et établie une ligne de défense sur la route principale,  en déployant ses fantassins à droite et à gauche de la route le long de la rive ouest de la rivière.
Cette avance eut lieu sous le couvert du feu des mitrailleuses lourdes de la Compagnie M.
Les soldats américains se postèrent dans les étages et sur les toits des maisons, et ouvrir le feu sur les positions allemandes de l'autre coté de la rive. Cette manœuvre fut tellement efficace qu'elle entraina l'effondrement des défenses allemandes.
Le passage de l'Essonne couta quelques blessés légers aux Américains tandis que les Allemands subirent un grand nombre de tués, blessés et prisonniers. Le reste des troupes allemandes battirent en retraite en direction de La Chapelle-La-Reine puis Fontainebleau.
Le véhicule utilisé à l'origine par l'équipe de démolition allemande devint la "propriété" de la compagnie L.
Simultanément à l'attaque du premier pont, les américains s'emparèrent du second pont sur l'Essonne.

L'arrivée de la nuit, leur permit de consolider leurs positions avant de poursuivre leurs progressions vers La Chapelle-la-reine... mais ça, c'est une autre histoire ! :)
 
 
 
 
 
 
* (1) : J'écris Belle Sauve en deux mots car à l'époque c'était la façon de l'écrire, voir même avec un tiret Belle-Sauve, contrairement à maintenant où nous l'écrivons en un seul mot "Bellesauve"
* (2) : J'ai bien trouvé le Château d'eau, mais par contre soit il n'y a plus de bois avant Belle Sauve soit la position n'est pas la bonne. Le rapport de la 5ème Division n'est pas toujours très précis et il s'avère donc assez difficile de localiser exactement le lieu exact des événements.


 

 

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